“Les livres ont tendance à “tourner” de plus en plus vite sur les rayons des libraires, chassés par un nouvel arrivage. La profusion provoque la banalisation des oeuvres. Elle pénalise celles qui sont les plus exigeantes, les plus difficiles à repérer par le public. Le bouche à oreille n’a pas le temps de s’installer”
Le Monde, 17 février 2006
Chers Amis, chers lecteurs, chers confrères,
En 1997, avec la publication de mon adresse électronique dans Dominici non coupable, j’entamai un dialogue avec vous. Depuis, de forums en blog, de JFK à Bush, il n’a jamais cessé. Et, tout au long de ces années, je me suis toujours refusé à utiliser ce lien nous unissant afin de vous demander d’acquérir un de mes livres.
En 2006, avec la publication de Coca-Cola, l’enquête interdite, j’ai décidé, pour la première fois, de m’adresser à vous afin de recevoir votre soutien. Une démarche que j’entreprends d’autant plus volontiers que le livre est déjà un succès. Ainsi, vous comprendrez plus facilement que ma décision n’est pas mercantile.
Si, aujourd’hui, j’ai décidé de vous écrire, c’est parce que, jour après jour, comme Denis Robert, Bernard Violet ou John-Paul Lepers, j’ai le sentiment d’appartenir à une espèce en voie de disparition.
Le journalisme d’investigation indépendant se meurt et pour survivre a besoin de vous.
Le livre est le dernier grand bastion où l’enquête peut s’exprimer sur la longueur, avec courage et sans censure. Mais, ignorée par les grands médias, poursuivie devant les tribunaux, étouffée par la masse d’ouvrages publiés et submergée par le tout-people, l’enquête est moribonde.
Ainsi, la vie de nos ouvrages sur les rayonnages de vos librairies est de plus en plus courte, dévorée chaque jour par les arrivées des confessions de la concierge du premier ministre et de la maîtresse cachée du cousin d’un footballeur célèbre. Et les même maux envahissent vos écrans de télévision, vos émissions de radio et les pages de vos journaux. Résultat, l’espace réservé à un travail souvent long de plusieurs années se résume à pas grand chose.
Acheter nos livres, en parler, les défendre est donc devenu un acte citoyen, un acte de résistance. Les ignorer, attendre une éventuelle édition de poche, condamne à terme le genre. Les éditeurs continueront à nous faire confiance et à prendre des risques si, financièrement, ils trouvent des raisons de le faire. Les libraires continueront à nous offrir un coin de table voire un bout de vitrine si, financièrement, ils trouvent des raisons de le faire.
Et puis, et là, je reviens directement à Coca-Cola, l’enquête interdite, votre soutien est nécessaire parce qu’il en retourne des fondements même de notre travail : la recherche de la vérité. Et de fait son corollaire : les méthodes employées pour lui empêcher d’exister.
Comme vous le savez maintenant, mon livre éclaire une des pages les plus sombres de l’histoire de Coca-Cola. Un passé, où au nom de son avenir et son succès, la boisson a décidé de continuer ses activités dans l’Europe occupée. Ces révélations imposent à la Compagnie un devoir de mémoire que, pourtant, elle se refuse d’assumer. Pire, et c’est un des raisons de ma démarche, Coca-Cola tente aujourd’hui de désamorcer la bombe. Comment ? D’une manière relativement efficace et machiavélique. En effet, dans un communiqué de presse qui sera prochainement disponible ici, Coca-Cola France revient sur mon livre.
Refusant de répondre sur le fond, de se confronter aux documents et photographies que je publie, Coca-Cola joue la carte de l’insignifiance. A en croire la Compagnie, mon livre serait “une compilation de documents existants et d’archives publiques”. Mieux encore, il “s’ajoute à la série de sagas et romans historiques déjà publiés autour de Coca-Cola. Ce genre littéraire n’appelle pas de commentaires particuliers de notre part”. Il ne faut pas être grand clerc pour décrypter le sens du message de la Compagnie : “passez votre chemin, tout cela est du déjà-vu, sans intérêt, peu sérieux”
Si heureusement ses tactiques déguisées de censure ont échappé à une partie de la presse, combien tomberont dans le piège ? Et combien de lecteurs potentiels passeront leur chemin, étonné du silence autour des révélations de Coca-Cola, l’enquête interdite ?
Depuis bientôt dix ans, pages après pages, je me bats contre ce genre de méthodes. Maintenant, c’est à votre tour de rentrer en résistance. Le choix des armes est multiple et dépasse le simple achat.
Le premier est simple, immédiat, gratuit et efficace. Il vous suffit de faire suivre ce message à vos contacts. Ou bien encore, postez-le sur les blogs et forums que vous fréquentez.
Le second est souvent notre seule alternative face à la déferlante médiatique : parlez de nos livres autour de vous. A vos amis, vos proches, vos collègues de bureau… Parlez en à la cantine, au restaurant ou autour d’un café… Parlez en à la responsable des achats de votre bibliothèque municipale, du centre de documentation de votre établissement scolaire, de votre comité d’entreprise ou de votre syndicat…
Parlez en sur internet, parlez en dans le métro, parlez en sur les sites de ventes de livres où poster un commentaire positif est un geste rapide aux effets certains. Soyez inventifs, soyez créatifs mais surtout refusez le silence ! Le bruit est porteur de vie et, croyez-moi, de Coca-Cola, l’enquête interdite au Madâme de John-Paul Lepers, le journalisme indépendant en a rudement besoin. Si vous appréciez mon travail, si vous avez aimé le livre et si, tout simplement, vous soutenez la recherche de vérité, alors je sais que vous comprendrez mon appel.
En vous remerciant de votre fidélité et de votre soutien et en espérant vous lire bientôt,
William Reymond
www.williamreymond.com
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