Cette anecdote ne peut pas être la suite de « Désolé, je n'ai pas le temps », car je ferais un abominable anachronisme. En effet, cette cocasserie de ma vie s'est passée il y a plus de deux ans déjà. À l'époque, il n'y avait pas de neige et Stephen Harper n'était pas encore Premier ministre du Canada. Le bon vieux temps !
En pleine campagne électorale qui sévit au Canada, j'anticipe de rencontrer dans l'entrebâillement de ma porte, une fois au moins, un candidat de ma magnifique circonscription. Un bon matin, seul dans la somptueuse maison familiale, la sonnette retentit. Amorphe et les cheveux hirsutes, je me dis que c'est probablement ma mère qui demande que je vienne lui ouvrir. En peureux prudent, je regarde par la petite fenêtre pour vérifier qui attend réellement derrière la porte. À ma grande stupéfaction, deux hommes habillés en complet cravate. « Enfin, des politiciens à cuisiner ! » me dis-je naïvement. Enthousiaste, j'ouvre la porte et un de mes visiteurs prends sans tergiversation la parole : « Monsieur, bon matin ! Que pensez-vous du logement social ? » Encore une fois déstabilisé par une approche expéditive, je marmonne une réponse remplie de phrases creuses. Lorsque je semble avoir terminé de patiner, mon interlocuteur dit simplement : « J'ai une réponse ici. » Je vois l'homme sortir de je ne sais pas trop où, probablement un tour de magie, un bouquin d'apparence religieuse. Puis, il commence à lire à voix haute. Mal à l'aise, je jette un coup d'oeil sur le deuxième homme qui garde soigneusement le silence depuis le début et je lance cette phrase libératrice : « Désolé, je ne suis pas vraiment intéressé. » Je n'ai jamais su ce qu'ils voulaient vraiment de moi, j'ai probablement péché. Je sais cependant que je n'ai pas voté pour eux aux élections.
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